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La 3D

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Un soir d’hiver unique en son genre.

Les cigarettes sont toutes fumées dans le cendrier.
Encore ce citron qui traîne sur la table...
Ce fruit jaune plein d’acidité, regorgeant de vitamines.
Et voilà qu’un papillon débarque sur ce vieux citron trop mûr.
Il ressemble à une Noctuelle de la famille des Noctuidae.
Ses ailes, de couleur bleue, profonde et lumineuse, éclairent la nuit.
Il ne se presse pas le citron, celui-là !

Après quelques battements, il atteint le bord du pot de fleur.
Une plante avait pris racine jusqu’au plus profond de la terre.
Sa tige piquante grimpe à en perdre la raison.
Son poison empeste une odeur de vulgarité.

Un jour d’été parmi tant d’autres.
Aucune cigarette dans le cendrier.
Un citron est posé sur la table...
Ce petit fruit tout jaune qui tient dans la paume d’une main.
Et voilà qu’un papillon vient aguicher notre ami le citron.
On dirait un Morpho, de la famille des Nymphalidae.
Du long de ses ailes brille, comme le jour, la couleur bleue, profonde et lumineuse.
Il ne se presse pas le citron, celui-là !

Après quelques battements, il se pose au bord du pot de fleur.
Une merveille de la nature a pris racine en son sein.
Le vert émeraude de ses feuilles respire la volupté,
Son parfum est si bon qu’on voudrait le manger.

Nature morte à la fleur et au citron, visuel 3D imprimé sur carton, 44x31cm, participation à l'exposition « On fait avec » dans le cadre du Master en Pratiques de l'exposition (CARE) à l'Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles (Arba-ESA), 2021

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Vue de l'exposition «100% de confluence», installation (animation 3D, macbook, gobelet en plastique et cafetière à l’italienne) au SB34, Bruxelles, 2019

All around me, animation vidéo 3D, 01:00min, 2019

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Nature morte à la cafetière, au téléphone & à la cigarette, visuel 3D imprimé sur de l'aluminium, 26x48cm, 2019

J’ai vraiment du mal à sortir de mon lit. Peut-être parce que mon réveil vient me déranger en plein rêve. Il sonne et me voilà de retour à la réalité. Un petit café et j’enfile mon jean Levi’s. Je regarde mon iPhone, quelques notifications, je réponds aux messages, j’erre sur les réseaux en espérant qu’il se passe quelque chose de fou... Puis j’enfile mes Reebok et j’écoute ma playlist “J’aime”sur Youtube. Viens dans mon atelier je te montrerai mes peintures, qui sait j’aurais envie d’en faire une de toi? Ce ciel gris commence déjà à s’éclaircir, le printemps est là! Les arbres qui fleurissent me donnent envie de peindre. Le chevalet devant moi semble dresser un mur derrière lequel je me cache dans l’atelier. Ma grande plaque en verre, trouvée il y a peu de temps dans une des rues de Bruxelles, est remplie de

petits îlots de couleurs pures. Cette palette est posée sur mes cuisses. Les couleurs rebondissent dans ma rétine comme lorsque qu'on regarde un ballon de foot en plein match. Elles me donnent envie de jouer avec elles, d’apprendre à y jouer davantage jusqu’à en avoir le contrôle et à entrer en transe.

La première couche, dessinée avec le brun de Van Eyck de chez Sennelier, est suffisamment sèche pour que j’applique ce jaune de Naples rougeâtre de chez Maimeri sur le support. Qu’est-ce qu’il est beau. Et ce vert phtalo vient juxtaposer au fond beige un doux contraste entre les couleurs. J’adore la posture que tient Charlotte Dalia sur cette photo. Elle est si jolie dans ce body bleu shiny et ce petit short fuchsia so smooth. Les drapés sont incroyables ! Espérons qu’avec les glacis, sa peau devienne aussi lumineuse que celle de mon écran.

Les rayons du soleil qui traversent le Velux de la cuisine viennent transpercer la toile. Elle se transforme en voile où je sens la densité des couches peintes successivement se mêler au coton. Cela semble si doux. C’est fou la différence d’épaisseur qu’ont ces deux peintures ! Celle de Charlotte est si fine que je peux même la voir en recto-verso. À la fois pleine de transparence et d’onctuosité. À contrario, la peinture d’Agathe est si dense. En même temps, je ne saurais compter le nombre de glacis que j’ai passés, repassés, et repassés. La voilà enfin terminée ! La gomme Damar que m’a précieusement conseillée Dominique Aulit va me permettre d’harmoniser les reflets et les différentes brillances de l’huile. Cette résine donne un aspect si vitreux, aussi fragile que de la porcelaine, aussi clair qu’un diamant.

Cristaux, térébenthine, I’m high!

J'aime beaucoup trop ces maudites “toiles à peindre Van Bleiswijck” de chez Action.

« Réveillez l’artiste qui sommeille en vous et réalisez les plus belles créations sur toile. » Si ça ne donne pas envie franchement !

J’aime ce moment où je ne pense plus à rien lorsque je peins. Comme si ma vision ne faisait plus qu’un avec mon corps, et vice versa. « L’interrogation de la peinture vise en tout cas cette genèse secrète et fiévreuse des choses dans notre corps. »*

Peut-être qu’en copiant des choses réelles, on peut réussir à en saisir l’essence. Et dans l’essence de la peinture, je sens naître sous mes yeux de la peau, un visage, un regard, un sourire, une émotion. J’aimerais pouvoir retranscrire le monde en peinture.

Donner à voir cette beauté époustouflante qui nous échappe dès qu’on souhaite l’approcher de trop près.

Parfois, il existe des moments hors du temps. Ceux-là sont intenses, doux, agréables, remplis de lumière qui inonde l’espace entier et réveille les ombres de l’univers. Tout ne fait plus qu’un, et dans ce mouvement où l’amour n’est plus qu’unique vibration, je me sens être ici, là, maintenant. J’espère alors qu’en regardant l’image peinte d’un doux moment, d’une belle personne, d’un objet éphémère, je puisse donner l’envie de mieux regarder autour de soi. L’insolvable harmonie du temps, de l’homme et de la nature mène probablement à voir ce qui émane de ce monde et qui épouse le cœur profond des choses.

​​

ÆNIGMAGMA

ænigma nom commun

1. Puzzle, énigme, obscurité

2. Mystère.

3. Image, figure symbolique.

magma nom masculin

1. Masse épaisse, de consistance pâteuse.

2. (au figuré) Mélange confus.

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Nature morte au Ricard, aux gants & à la pampille, visuel 3D imprimé sur du plexiglass, 31x51cm, 2021

Agathe et Charlotte sont en train de discuter. Au fond de la salle, une cigarette se fume dans le cendrier. Cette odeur commence à sérieusement les déranger.
— Tu fumes ? demande Agathe.
— Non. Ça t’dirait qu’on aille plutôt dehors boire des coups sous le soleil ? Regarde, il y a une bouteille de Ricard qui nous attend là-bas !
— Mais comment tu sais qu’il fait jour ? On n’a même pas de fenêtre... On est où, en fait, là ?
— Ah ouais, t’as raison, chelou... Tu t’souviens d’hier ? Parce que moi, pas du tout ! J’arrive à peine à me souvenir de la dernière seconde avant celle qui vient de se finir !
— Ah ouais, gros black-out ! Pourquoi tu portes des gants en plastique ? Ils sont siiii beaux... j’les veux !!!
— Oui c’est vrai ça, beh je sais pas... alors là, aucune idée ! J’me rappelle même pas avoir enfilé ce maillot de bain, en vrai !
— En tout cas, il t’va bien.
— Ah bon ? Ok cool ! Wow, very professional cette combi ! Tu l’as achetée à Outils & Co ?
— Ouiii je l’aime trop ! Mdr non, trouvée aux P’tits Riens pour que dalle ! Waaa mais t’avais vu ce diam’s ?!

Les filles sont enfermées dans un cube. Les murs blancs de la salle sont tapissés de chefsd’œuvre. Froide mais pourtant si puissante,
la lumière artificielle éclaire les visages des personnages. Mais d’où vient-elle? On dirait des sortes
de spectres flottants dans les airs venant dessiner les formes de chaque recoin de la pièce. Agathe porte un beau bleu de travail tâché de peinture blanche dans ses Nike Air Monarch IV. Les plis du tissu outremer font ressortir les ombres de sa peau. Les couleurs sont d’une intensité surnaturelle! Tout à coup, comme dans un mouvement en slowmotion, la vue des peintures défilent sous mes yeux. Mais que font-elles réunies ici? 

Charlotte trouve invraisemblable qu’il y ait     « Les Époux Arnolfini » de Van Eyck accroché au mur. Il y a aussi du Magritte, du Dalí, même du Otto Dix. Sont-elles dans un musée ? Impossible. Elles ne se rappellent pas être arrivées ici. Et par quel chemin ? Que fait l’affiche du film

« eXistenZ » de Cronenberg accrochée au mur ?

Tandis que Charlotte décrit à Agathe ce qu’elle a sous les yeux, au loin un objet vient l’intriguer. C’est un prisme en verre, il ressemble aux pampilles des lustres vintages. Il se cache entre deux albums de musique et un bouquin. Ce qui est d’autant plus fascinant, c’est que cet objet se trouve simultanément aux pieds d’Agathe. Comme s’il se dédoublait à deux endroits différents.

Elle veut se pencher pour l’attraper et regarder à travers, mais elle se rend compte qu’elle ne peut plus bouger. Comment est-ce possible ? Elle lance alors un regard à Charlotte qui semble absente. Devant elles, le néant leur sourit. Un espace sans fin s’étend vers l’infini. Elles se rendent compte que l’atmosphère n’est pas réelle. Comme si tous les éléments n’avaient plus aucune profondeur.

Et à quel moment « Les Ménines » de Velázquez et celles de Picasso viennent orner l’entrée de ce lieu ? Elles sont loin de s’imaginer que cette pièce ne flotte nulle part ailleurs que dans la mémoire de mon ordinateur.

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$ Les Ménines, Diego Vélasquez, 1656, huile sur toile, 318×276cm, Musée du Prado, Madrid

$ Faux semblants, David Cronenberg, 1988, film thriller/horreur,1h 57m, États-Unis

$ Bleu du ciel, Vassily Kandinsky, 1940, huile sur toile, 100x73cm, Centre Pompidou, Paris

$ Portait de la journaliste Sylvia von Harden, Otto Dix, huile et tempera sur bois, 1926 121x89cm, Centre Pompidou, Paris

$ Raphaël et la Fornarina, Jean-Auguste-Dominique Ingres, 1814, peinture à l’huile sur toile, 66x54cm, Fogg Art Muséum, Cambridge

$ Sonja, Christian Shad, 1928, huile sur toile, 90x60cm, Exposition « Berlin » – Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles

$ Les Époux Arnolfini, Jan van Eyck , 1434, huile sur panneau de chêne, 82,2x60cm, National Gallery, Londres

$ L’école du réel, Clément Rosset, 2008, Paris, Editions de Minuit

$ My World, Jul, 2015, album, 21 titres, label D’or et de Platine

$ Bisous, Myth Syzer, 2018, album, 13 titres, label Animal 63

$ Dalí de dos peignant Gala vue de dos éternisée par six cornées virtuelles provisoirement réfléchies dans six vrais miroirs, Salvador Dali, 1972-1973, huile sur toile, 60,5x60,5cm, Fondation Gala-Salvador Dalí, Figueras

$ Le double secret, René Magritte, 1927, huile sur toile, 114x162cm, Centre Pompidou, Paris

$ Souvenirs de la galerie des glaces à Bruxelles, Otto dix, 1920, huile et glacis sur fonds d’argent sur toile, 124x80,4cm, Centre Pompidou, Paris

$ Les Ménines, Pablo Picasso, 1957, huile sur toile, 161x129 cm, offerte en 1968 au Musée Picasso, Barcelone

Publication «du neuf», journal de groupe du Master en arts plastiques, visuels et de l'espace, Peinture à finalité spécialisée à l'Arba-ESA issu d'un atelier organisé par l'artiste Cédric Noël, Bruxelles, 2019

*Maurice Merleau-Ponty, L’œil et l’esprit, Paris, Gallimard, 1964, p. 30.

Diplôme, animation 3D, 05:20min

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Vues du diplôme, Master en arts plastiques, visuels et de l'espace, Peinture à finalité spécialisée obtenu avec distinction à l'Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles (Arba-ESA)

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